La parole est à… Maxime Ahrweiller, secrétaire générale pour les affaires régionales

Maxime AHRWEILLER, secrétaire générale pour les affaires régionales

Alors que la programmation des fonds européens 2014-2020 n’est pas encore complètement achevée, s’ouvre celle de la période 2021-2027. Malgré les difficultés rencontrées dans son exécution qui, rappelons-le, était une première pour Mayotte, le PO 2014-2020 a permis, et permettra encore, la concrétisation de très beaux projets pour le développement de notre île. Ces premiers succès, et l’engagement sans faille des acteurs concernés, à Mayotte comme à Bruxelles et à Paris, ont convaincu la Commission européenne de doubler les enveloppes du FEDER et du FSE+ pour des montants respectifs de 350M€ et 120M€ pour 2021-2027. Mayotte, région ultra-périphérique de l’Union européenne depuis 2012, bénéficie à ce titre pleinement de la politique de cohésion qui est au cœur de la démarche de rééquilibrage des territoires européens. C’est dire l’espoir placé dans le développement de Mayotte. Malgré les difficultés que chacun connaît, notre île est reconnue comme étant un territoire particulièrement dynamique.

Les fonds européens structurels et d’investissement ont pour vocation de favoriser les conditions dans lesquelles ce dynamisme trouvera à s’exprimer pour produire l’effet de levier recherché. Le fléchage des crédits répond à cet objectif en permettant le développement des infrastructures de base, s’agissant particulièrement de l’eau, en mettant l’accent sur la mobilité, la santé, le désenclavement sans oublier la solidarité. Je veux saisir l’occasion qui m’est donnée ici pour souligner combien ces objectifs sont prioritaires et lever les interrogations, voire les incompréhensions qui s’expriment ici ou là à l’égard de la manière dont les fonds européens sont attribués. Ceux-ci n’ont pas pour but de tout financer, malgré les espoirs qu’ils suscitent. Il existe de nombreuses sources de financement public à Mayotte, portées notamment par l’État et le Conseil départemental, qui répondent à des besoins réels ne rentrant toutefois pas dans le champ des priorités européennes déclinées à Mayotte.

Au travers des 7 priorités définies, le PO FEDER 2021-2027 met l’accent sur les infrastructures permettant l’innovation (recherche, services en ligne, zones commerciales), l’accroissement de l’offre numérique à très haut débit avec la poursuite du déploiement de la fibre optique, l’augmentation de la production d’eau et l’amélioration du traitement des eaux usées, la fluidification des mobilités avec des solutions de transports collectifs urbains et interurbains, l’inclusion grâce aux investissements qui seront réalisés pour de meilleures conditions d’éducation, de formation et d’accès à la santé, sans oublier l’accès au logement. Enfin, dans le cadre de l’allocation spécifique RUP, 55 M€ sont prévus pour la réalisation tant attendue de la piste longue de l’aéroport Martial Henry.

Quant au FSE+, fusion de plusieurs fonds dont le FSE ancienne version, l’IEJ , le FEAD et une partie du FAMI, sa vocation demeure fondamentalement inclusive et les besoins en la matière sont considérables à Mayotte. Le territoire doit répondre à des défis spécifiques partagés par l’ensemble des territoires ultra-marins, qu’il s’agisse de promouvoir l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi, de la réussite scolaire des jeunes, de l’accroissement des compétences, de la promotion d’un marché du travail plus inclusif ou encore de l’aide matérielle aux plus démunis.

Pour la période 2023-2027 le FEADER, doté de 40,5M€, a pour objectif de permettre à Mayotte d’atteindre la souveraineté alimentaire tout en assurant le développement des territoires ruraux et la préservation de la biodiversité exceptionnelle mais fragile de notre territoire. Les ambitions portées pour la prochaine programmation dans le secteur agricole et rural sont que les agriculteurs puissent innover, investir, que les jeunes agriculteurs puissent s’installer et démarrer leur exploitation, que les territoires ruraux soient mieux dotés en services de base tels que la gestion des eaux pluviales ou l’équipement en installations sportives.

Le FEAMPA Mayotte est doté de 15,845M€. Il doit notamment œuvrer en faveur du développement et du renforcement d’une pêche durable sur les plans économique, social et environnemental dans le respect de la réglementation européenne. Il apportera un appui à la structuration de la filière professionnelle de la pêche et à la relance de l’activité aquacole à Mayotte, tout en apportant sa contribution à la restauration de la biodiversité et des écosystèmes aquatiques.

L’action de l’Europe en faveur de la coopération régionale dans le cadre de l’Interreg se poursuivra en s’élargissant aux pays riverains du canal du Mozambique (Mayotte, Comores, Madagascar, Tanzanie, Mozambique et Seychelles) et contribuera à la reconnaissance de Mayotte comme un acteur important du développement de toute la région.

Investir dans l’avenir, tel est le mot clé pour Mayotte et les fonds européens y contribueront plus que jamais. Mieux équipée matériellement, mieux assurée dans son capital humain, mieux préservée dans son environnement, mieux insérée dans sa région, Mayotte aura toutes les clés en main pour poursuivre l’aventure européenne et donner à sa jeunesse l’avenir qu’elle attend et qu’elle mérite.