« Le CHM a bénéficié de 6,44 millions d’euros de FEDER dans le cadre de la programmation FEDER/FSE Mayotte 2014-2020 (ReactEU), pour la rénovation de l’ensemble des bâtiments de l’hôpital public à Mayotte et pour la mise aux normes sanitaires et la sécurisation des installations. M. Jean-Mathieu DEFOUR, directeur général du CHM, répond aux questions des Actus de l’Europe à Mayotte sur la réalisation de ce projet.
1. Monsieur le directeur, pouvez-vous, pour nos lecteurs, revenir sur les besoins de rénovation et de mise aux normes sanitaires et sécuritaires du CHM et les réalisations obtenues grâce aux financements européens ?
Réponse CHM : Les capacités d’accueil tant en hospitalisation complète qu’en ambulatoire ne permettent plus de faire face aux besoins en santé de la population du département qui est en augmentation exponentielle. Plusieurs services d’hospitalisation connaissent des taux d’occupation supérieurs à 100%.
Les projections d’augmentation de la population montrent que cette situation va s’aggraver.
La situation sanitaire à Mayotte impose aux infrastructures un taux d’utilisation dépassant les capacités. D’une part, les locaux de soins ont été conçus pour une population donnée. En effet, à Mayotte la population croit à un rythme bien supérieur à celui de l’augmentation de nos infrastructures médicales. Les locaux s’en trouvent d’autant plus vite dégradés. D’autre part, le département est en situation très dégradé sur le logement, secteur dans lequel il manque également d’infrastructures. Ce manque de capacité d’hébergement impacte l’hôpital sur le plan des ressources humaines qui est par ailleurs déjà sous tension.
Le CHM doit ainsi faire évoluer ses locaux pour répondre à diverses attentes :
Attente d’infrastructures faisant face au contexte mahorais. Les risques d’intrusion, les risques sismiques et cycloniques sont des réalités à Mayotte.
Attente d’infrastructures facilitant les flux et le quotidien des soignants alors que le CHM est très contraint en termes de surface. Il s’agit là de modifications de fonctionnalités de locaux et donc de retravailler les réseaux.
Attentes d’adaptation de nos infrastructures de telle sorte d’accueillir les divers investissements biomédicaux pouvant dans certains cas être très lourds du point de vue travaux par leurs aspects techniques et de mise en oeuvre en site occupé.
Les bâtiments et installations n’ont jamais été renouvelés. Ils font l’objet d’un important état de vétusté et comportent de nombreuses anomalies structurelles (matériaux, ventilation, isolation non conforme).
Les travaux de rénovation et de mise en conformité consistent à améliorer les conditions de travail et d’accueil des usagers et des personnels mais aussi à garantir la sécurité sanitaire, et physique des personnes et des biens.
Les travaux de mise aux normes sanitaires et sécuritaires doivent permettre de mettre aux normes les équipements et d’améliorer les conditions d’hygiène et de sécurité avec une meilleure maîtrise des risques.
Quels bénéfices attendez-vous des rénovations ainsi réalisées concernant notamment la prise en charge et le bien-être des patients ?
Le projet vise aussi à améliorer les conditions d’exercice du personnel hospitalier, avec de nouveaux aménagements, de nouvelles organisations limitant les risques de troubles musculosquelettiques (TMS), améliorant donc leur santé au travail.
Les actions présentées doivent permettre à l’établissement de rénover son infrastructure et à l’adapter en cohérence avec la stratégie d’établissement et de l’administration de la santé. Elles contribuent aussi à la bonne prise en charge des patients de l’île.
L’objectif est de renforcer la sécurité des installations de sorte à mettre l’établissement dans de bonnes dispositions pour répondre à son objectif d’intérêt public.
Pensez-vous que ce programme de rénovation est susceptible de contribuer au renforcement de l’attractivité de Mayotte auprès des personnels soignants ? Comment, au-delà de la seule question de la rénovation, pensez-vous que les fonds européens pourraient y contribuer ?
Ces actions visent à ce que le personnel travaille dans de meilleures conditions permettant une prise en charge apaisée des patients et augmentant l’attractivité de notre île auprès du personnel hospitalier. En effet, à travers ce projet, le bâtiment accueillant les internes du CHM a fait l’objet d’une rénovation complète. Avec cette rénovation, nous pouvons accueillir plus d’internes dans de meilleures conditions puisque cela fait plusieurs années que le CHM avait réduit le nombre de ces internes faute de lieux d’accueil optimaux. Aussi le bâtiment logeant les médecins a été rénové. Cela fidélise ainsi les médecins déjà sur place du fait que leurs conditions de logement ont été améliorées.
Plus largement, quelles réflexions vous inspirent les financements européens au regard des enjeux de santé publique à Mayotte ?
Les fonds européens ont permis au CHM de mieux s’équiper, de pallier le sous équipement et de mieux faire face à la multiplication des prises en charge.
Grâce aux financements européens, le territoire de Mayotte a réduit une partie de son retard en matière d’offre de soins puisqu’il dispose d’un SSR équipé, de 2 scanners, d’une multitude d’équipements biomédicaux dernières générations (échographes, respirateurs, moniteurs, radiographie, endoscopie, etc.).
Afin de mieux guider les porteurs sur la voie de la réussite de leurs projets, quel aspect de votre expérience de la mobilisation des fonds européens souhaitez-vous porter à leur connaissance ?
La mobilisation des fonds européens oblige les porteurs de projet à avoir une gestion en mode projet. Celle-ci permet de clarifier le rôle ainsi que les missions de chaque acteur. Aussi, il est primordial pour chaque porteur de projet de mettre en place un référent « fonds européens » afin de permettre de fluidifier les choses et d’apporter un meilleur suivi de leur projet.