Interview de Nadine HAFIDOU, présidente de la SASU Mayotte Technopôle, et Madi VELOU, président de l’association Mayotte Technopôle

La Technopole de Mayotte, désignée comme le « futur hub de l’innovation », présente une architecture remarquable surplombant la commune de Dembéni. Ce site technopolitain a bénéficié d’un soutien financier substantiel de la part de divers partenaires, notamment la Banque des Territoires, l’AFD, l’Union européenne, l’Etat, le Conseil départemental, la Cadema, la CCI Mayotte et l’ADIM. Le Fonds européen de développement régional (FEDER) a contribué à hauteur de 9 805 520,49 d’euros, dans le cadre d’un budget total de 18 312 508 millions d’euros, complété par un programme d’investissement d’équipement de 3,6 millions d’euros et un montant de 3305 000 d’euros financé par le Conseil départemental. Cette initiative permet à Mayotte de bénéficier d’un équipement d’exception entièrement dédié à la recherche et à l’innovation.   

Nadine HAFIDOU, représentante de la CCI Mayotte dans sa fonction de présidente de la SASU Mayotte Technopole – l’entité à l’origine du projet de construction de bâtiment et Madi VELOU, Président de l’Association Mayotte Technopole, l’organisme qui gère l’exploitation de la Technopole, répondent aux questions des Actus de l’Europe à Mayotte  

Q : Madame La Présidente, pouvez-vous nous rappeler les finalités de la technopôle et les activités appelées à s’y déployer ? 

 Nadine HAFIDOU : La Technopole sera le lieu de référence sur Mayotte pour l’innovation et le développement économique industriel performant et éco-responsable. Elle proposera aux entreprises un accompagnement et une expertise clé en main, pour s’approprier et mettre en œuvre les briques technologiques, numériques, digitales de l’industrie du futur et favoriser une économie verte performante éco-responsable et durable. 

Son objectif est donc d’améliorer la performance et les process afin de renforcer la compétitivité des entreprises.  

Ainsi les finalités du technopôle incluent entre autres la promotion de l’innovation, le développement économique et la création d’emplois à travers des activités de recherche, de développement et d’entrepreneuriat dans les secteurs technologiques stratégiques que sont l’agroalimentaire, la biologie marine, les NTIC. 

Q : Quels défis techniques et financiers avez-vous dû relever pour que le projet se concrétise ? 

Nadine HAFIDOU :  Au cours de la période 2021-2023, le projet a été soumis à des fluctuations de coûts significatives, principalement en raison de l’impact de l’inflation et des changements géopolitiques. Ces facteurs externes ont entraîné des ajustements budgétaires et des défis supplémentaires dans la gestion des ressources financières. Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude envers nos partenaires financiers pour leur soutien continu et leur flexibilité pendant cette période. Leur engagement et leur compréhension des défis économiques et politiques ont été essentiels pour maintenir la viabilité du projet et garantir sa réussite. Nous sommes reconnaissants de pouvoir compter sur leur collaboration et leur engagement à long terme dans la réalisation de nos objectifs communs. En travaillant ensemble, nous sommes mieux équipés pour surmonter les défis futurs et parvenir à de nouvelles réussites. 

Sur le volet technique, l’utilisation de toiles précontraintes, a joué un rôle essentiel dans la promotion de la ventilation naturelle. Les toiles précontraintes, grâce à leur conception spécifique et leur installation stratégique, permettent une circulation d’air efficace tout en offrant une protection contre les éléments extérieurs. En exploitant les mouvements naturels de l’air, ces toiles favorisent une ventilation continue et régulée à l’intérieur du bâtiment, réduisant ainsi la dépendance aux systèmes mécaniques de climatisation. Cette approche durable contribue à améliorer le confort des occupants tout en réduisant la consommation d’énergie et l’empreinte carbone du bâtiment. L’intégration de toiles précontraintes dans la conception bioclimatique du bâtiment illustre notre engagement envers des solutions innovantes et respectueuses de l’environnement, tout en créant des espaces de vie et de travail plus sains et durables. 

Q : Comment le technopôle sera-t-il exploité et quels sont les partenaires qui y implanteront leurs activités ? 

Madi VELOU : La technopole sera exploitée par l’Association Mayotte Technopole, présidée par moi-même. Il sera conçu comme un centre d’excellence où des entreprises, des start-ups, des instituts de recherche et des organisations gouvernementales collaboreront afin de faire émerger des projets de plus en plus innovants sur le territoire.  

La Technopole mobilisera, en fonction des attentes et projets des entreprises, des partenaires experts d’horizons variés : 

  • Les clusters 
  • Les laboratoires universitaires et leurs plateformes, les écoles d’ingénieurs (Ensam, Cnam, OSEO, Cesi…) 
  • Les financeurs : le Conseil Départemental de Mayotte, le FEDER, le FSE et l’AFD,  
  • Les filières 

Q : Quels sont les résultats attendus, et même les ambitions qui sont les vôtres en matière de recherche et de développement à Mayotte ? Quels domaines scientifiques ou techniques seront particulièrement concernés ? 

Madi VELOU : Les résultats attendus comprennent des avancées significatives dans la recherche et le développement, la création d’emplois qualifiés, la stimulation de l’économie locale et la position de Mayotte en tant que pôle d’innovation régional. Les domaines scientifiques et techniques concernés pourraient inclure les TIC, les énergies renouvelables, l’agro-technologie et la santé. 

Q : Quelles synergies entendez-vous développer avec l’Université de Mayotte, qui est devenue de plein exercice depuis le 1er janvier dernier, en matière d’innovation et de recherche ? 

Madi VELOU : Les synergies envisagées avec l’Université de Mayotte pourraient inclure des programmes de recherche conjoints, des échanges d’expertise, des initiatives de formation et des collaborations avec des étudiants et des enseignants dans des domaines liés à l’innovation et à la recherche. Pour rappel, le Université de Mayotte est le 1er partenaire du projet en tant que locataire du Technopole. Il louera plus de 500 m2 du bâtiment et y implantera notamment son laboratoire sur les activités marines, ainsi que sa cellule de recherche. 

Par ailleurs un projet de Fablab interconnecté AMT / UM est en cours de finalisation. 

Q : Au vu de votre expérience des financements européens, quel conseil donneriez-vous à un porteur de projet très ambitieux comme celui du technopôle ? 

Nadine HAFIDOU : Pour un porteur de projet ambitieux, il est essentiel de bien comprendre les exigences des financements européens, de développer un plan stratégique et un business plan solide, de s’entourer d’experts compétents et de construire des partenariats stratégiques pour maximiser les chances de succès.