Devenue Région ultrapériphérique de l’Union européenne en 2014, Mayotte a pu bénéficier, pour la première fois, de la politique de cohésion européenne.
Doté de 210M€, le programme opérationnel FEDER/FSE Mayotte 2014-2020 a lancé Mayotte dans le grand bain européen. Sa mise en œuvre initiale a connu certaines difficultés liées aux exigences normatives de la Commission européenne. Beaucoup de porteurs de projet en effet n’étaient pas encore suffisamment armés sur le plan administratif et organisationnel pour y répondre. Les gestionnaires des fonds européens, quant à eux, souvent éclatés entre plusieurs services, souffraient d’un manque d’effectifs et ne pouvaient accompagner les porteurs autant qu’il l’aurait fallu dans la gestion de leur dossier de subvention.
La crise sanitaire a également retardé de nombreux projets ou les a contraints à l’abandon.
Dans ce contexte, des réponses fortes ont été apportées.
S’agissant de la crise COVID, Mayotte était incluse dans le plan de reprise adopté à l’échelle européenne, ce qui s’est traduit par un abondement de l’enveloppe initiale de près de 140 M€ dans le cadre du React EU. Sur le plan de la gestion, la création en 2021 du GIP l’Europe à Mayotte, en charge du FEDER, du FEDER-CTE et du FSE, a permis de centraliser les dossiers et de consacrer des effectifs plus nombreux à leur traitement. Dans la phase initiale de leur projet, les porteurs sont accompagnés par le pôle animation du GIP l’Europe à Mayotte qui apporte conseils, éclairages et pédagogie pour la présentation de dossiers solides en comité de sélection.
Le GIP l’Europe à Mayotte est désormais bien reconnu et implanté dans le paysage économique mahorais.
Malgré les difficultés, malgré certaines polémiques, les résultats sont là. Mayotte se transforme sous nos yeux et les interventions financières de l’Europe y contribuent largement.
- Plus de 130 opérations ont été programmées dans le cadre du programme FEDER Mayotte 2014-2020, pour un montant global de près de 330 M€, dont près de 150 M€ au titre du React EU.
Le FEDER contribue à poser les bases du développement économique et social de Mayotte, comme en témoignent les investissements réalisés depuis 2014 dans les infrastructures de transport (réseau de transport urbain Caribus, amphidromes, aménagements et extension de l’aéroport Marcel Henry, renforcement du quai n°1 du port de Longoni), la promotion de l’initiative économique et de la recherche (Maison de l’entreprise, technopôle de Dembéni), le numérique (datacenter, réseau de fibre optique, équipement numérique des établissements scolaires), l’éducation et la formation (pôle métiers du bâtiment du RSMA, équipement numérique de la formation professionnelle et de l’apprentissage), la santé (création de l’hôpital de Petite-terre, modernisation du plateau technique du CHM, équipement du pôle mère-enfant pour la prise en charge d’urgence des nouveaux-nés, rénovation des bâtiments, les PMI d’Acoua, Bandrélé, Kani Keli, Combani, Vahibé), l’amélioration de la gestion des déchets (collecte des déchets dangereux, quai de transfert de Kahani, équipement en matériel roulant du SIDEVAM976), le développement des énergies renouvelables (parc photovoltaïque Albioma), la production (forages, transferts) ou l’assainissement des eaux (stations d’épuration du Baobab, du centre).
Les collectivités locales, outre le département et les structures intercommunales, ont bénéficié du FEDER, notamment la commune de Bandrélé (aménagement de Musicale Plage), celles de Dembéni, Bouéni, Kani Keli (équipement numérique des écoles), ou encore Mamoudzou et M’Tsangamouji (éclairage public).
Le secteur privé a lui aussi été fortement soutenu par le FEDER, notamment les PME industrielles (3Découpe, Laiterie de Mayotte, Panima, Mayotte Plastique, Imprimah pour ne citer qu’elles), qui ont pu innover, acquérir de nouvelles machines et gagner en volume de production, permettant de réduire la dépendance du territoire aux importations. Il s’agit d’autant d’exemples de belles réussites mahoraises qui ne pourront qu’inspirer d’autres entrepreneurs pour l’avenir. Parti de rien ou presque, le secteur touristique, essentiel pour le renforcement de l’attractivité du territoire, connaît de belles avancées. Les capacités hôtelières se développent (hôtel Ibis de Petite-Terre, Hamaha beach hôtel à Kawéni, Jardin Maoré à Kani Keli) pour mettre en valeur les potentialités extraordinaires du territoire.
En l’espace de quelques années seulement, Mayotte a dû tout apprendre du fonctionnement européen, se plier aux exigences administratives et financières imposées par l’Union européenne. Il faut y voir une opportunité bien plus qu’une contrainte. Chaque jour, des équipes projet gagnent en expérience au sein des collectivités, des entreprises et des associations. Des projets réussis émergent et ont valeur d’exemple. Les équipes de gestionnaires de fonds européens sont mieux formées et apportent une réelle plus-value aux porteurs de projets. Ces progrès participent eux aussi de l’effet de levier attendu par l’Union européenne en matière de développement.
L’histoire des fonds européens à Mayotte n’en est qu’à ses prémices. La programmation (PO 2021-2027), qui marque fort accroissement de 210 M€ à 350 M€ de l’enveloppe FEDER, celles également à venir au-delà de 2030, ne feront que renforcer, soyons-en certains, la promesse tenue par le programme opérationnel 2014-2020.