Projet Caribus : interview de M. Rachadi Saindou, président de la Cadema

Financés à hauteur de 35M€ par le FEDER dans le cadre du REACT-EU, les travaux de la première tranche du projet Caribus porté par la CADEMA ont débuté et commencent d’ores et déjà à transformer le paysage urbain de l’agglomération Dembéni-Mamoudzou. Monsieur Rachadi Saindou, président de la CADEMA répond à nos questions sur ce projet structurant.

1. Monsieur le Président, pouvez-vous revenir en quelques mots sur la genèse du projet CARIBUS et rappeler ses objectifs principaux en termes de mobilité ?

Initialement porté par la ville de Mamoudzou, le projet CARIBUS a été confié à la CADEMA 2016. Ce projet, attendu depuis longtemps, a été retravaillé et a évolué afin de répondre aux besoins actuels de nos concitoyens en matière de transports publics. Rappelons à ce titre que Mayotte est le dernier département à ne pas encore disposer d’un réseau de transports publics et que cet état de fait prendra fin avec la réception des travaux du CARIBUS.

Ce projet CARIBUS poursuit deux objectifs principaux, le premier est de désengorger les axes routiers dont la saturation dégrade la qualité de vie de nos concitoyens. Cette dégradation se ressent aussi bien par le temps que chacun consacre à parcourir de courtes distances, que ce soit à pied ou en voiture, que par la pollution générée par les réseaux saturés et impactant la qualité de notre air.

Quant au deuxième objectif principal poursuivit par le projet CARIBUS, il concerne le développement d’une mobilité responsable, rendue possible notamment par le report modal en faveur du bus ou du vélo puisque le projet va également permettre de construire 5 km de pistes cyclables.

Le projet CARIBUS va donc améliorer fortement la qualité de vie quotidienne de nos concitoyens en allant vers une mobilité plus responsable. Cette volonté de protection de notre environnement se traduit déjà au quotidien dans les politiques conduites par la CADEMA et se traduira aussi dans le projet CARIBUS avec le choix d’une motorisation la plus propre possible.

2. Quel sera le parcours du réseau CARIBUS une fois achevée cette première tranche et au final toutes tranches confondues ?

Lorsque toutes les tranches seront réalisées, le territoire de la communauté d’agglomération de Dembeni – Mamoudzou sera couvert du Nord au Sud et d’Est en Ouest. Ainsi, ce ne sont pas moins de 4 lignes de bus qui desserviront l’ensemble de notre territoire :

  • la ligne 1, en BHNS (Bus à Haut Niveau de Service), desservira les Hauts-Vallons jusqu’à Passamainty,
  • la ligne 2 desservira quant à elle Passamainty jusqu’à Dembeni,
  • la ligne 3 débutera des hauts de Mamoudzou afin de relier les hauts de Mtsapéré et Cavani,
  • enfin, la ligne 4 s’étendra de Passaminty à Vahibé.

Ce maillage permettra à chaque citoyen de laisser sa voiture chez soi, au bénéfice d’un mode de transport plus rapide, plus agréable, et plus responsable.

3. Quel est l’état actuel du chantier et à quelle échéance les premiers usagers pourront bénéficier de ce service ?

Il s’agit là du plus grand projet d’infrastructure porté à Mayotte et nous pouvons en être fiers ! Bien que les travaux s’achèveront dans 4 ans, le chantier est déjà très avancé et la rapidité d’exécution des travaux, pour ce projet tant attendu, est régulièrement constatée et soulignée.

Dès 2024, les usagers pourront bénéficier des premières mises en service du CARIBUS et, dès 2027, nos concitoyens pourront profiter de l’intégralité des lignes. Nous sommes très optimistes quant à l’acculturation rapide de chacun à ce mode de transport et à une forte atténuation de l’usage quotidien du véhicule personnel.

La récente mise en place des navettes gratuites et temporaires nous permet d’ailleurs d’être confiants. Ces navettes ont été mises en place afin de désengorger les routes et, force est de constater qu’elles remportent un franc succès, tant et si bien que de nombreux automobilistes laissent aujourd’hui leur voiture pour utiliser ces bus. Le report modal attendu et espéré a donc déjà débuté, et il ne fait nul doute qu’il en sera de même avec le réseau public de transport pérenne CARIBUS.

4. Comment, et à quelle date, le réseau CARIBUS sera-t-il intégré dans le réseau de transport collectif interurbain qui doit se mettre en place à Mayotte dans les prochaines années ?

Le réseau CARIBUS n’a pas pour vocation première d’être intégré dans le réseau de transport collectif interurbain. Cela n’en reste pas moins envisageable, et même souhaitable à terme, afin de développer un maillage du territoire qui soit optimisé pour nos concitoyens et qui propose des solutions de mobilité les plus complètes possibles.

Il est cependant prudent de se donner du temps afin de s’assurer de la stabilité de chacun des réseaux et de réfléchir sereinement à leurs interconnexions.

5. Comment évaluez-vous l’apport des financements européens dans la réussite globale du projet ?

La réussite du projet ne peut s’entendre sans les financements européens. L’Europe est, et restera, un partenaire privilégié nous permettant de consolider le projet CARIBUS.

Les financements européens nous permettent ainsi d’attester de la qualité du projet, comme une garantie de la valeur et du sérieux du travail conduit, tout en nous permettant de soutenir financièrement ce projet. Les financements européens permettent également de maintenir le niveau d’ambition et d’exigence de qualité dans la réalisation de ce projet.

6. Si vous n’en aviez qu’un, quel conseil donneriez-vous à un porteur de projet éligible aux financements européens pour contribuer à sa réussite.

Sans rigueur dans la gestion d’un projet, il est difficile pour l’Europe d’accompagner son porteur, de se projeter à ses côtés et de choisir d’y consacrer des fonds si des doutes naissent quant à l’issue du projet et, par conséquent, qu’une perte des fonds alloués devait se produire. C’est autant de fonds qui auraient pu bénéficier à l’aboutissement d’autres projets.

Donc, si je n’avais qu’un conseil à donner aux porteurs de projets éligibles aux financements européens ce serait celui d’être rigoureux. Cela s’applique tant à la constitution des dossiers, qu’au respect des différents délais administratifs, ou encore au suivi régulier de l’avancement du projet jusqu’à son aboutissement.